Frère et sœur regardant un dossier dans le salon

Prise en charge de l’enfant en cas de décès des deux parents : démarches et solutions

2 décembre 2025

Dans le grand silence du Code civil, un détail bouleverse tout : si rien n’a été prévu, la disparition simultanée des parents place l’enfant sous la responsabilité temporaire de l’État. Le juge des tutelles doit alors trancher, parfois dans l’urgence et sous la pression émotionnelle d’une famille déjà ébranlée. Cette procédure, discrète mais implacable, détermine l’avenir de l’enfant bien au-delà des simples démarches administratives.

Anticiper l’impensable : pourquoi penser à la désignation d’un tuteur pour ses enfants ?

Normalement, l’enfant mineur évolue sous la protection de ses parents, investis de l’autorité parentale jusqu’à ce qu’il atteigne la majorité. Mais le décès des deux parents vient tout bouleverser. Faute d’anticipation, la décision revient à la justice, qui ouvre une tutelle. Le conseil de famille se réunit alors pour choisir un tuteur, souvent un proche, mais pas nécessairement celui ou celle que les parents auraient voulu.

Poser ce choix de son vivant, par testament ou déclaration devant notaire, permet de guider le processus. Cette possibilité reste rare en France, alors même qu’elle donne du poids à la volonté des parents. La loi prévoit que le conseil de famille doit tenir compte de ce choix, sauf si l’intérêt de l’enfant s’y oppose. Un simple acte notarié ou écrit, daté et signé, suffit pour que la volonté parentale soit prise en compte.

Voici les différentes situations possibles à connaître en matière de désignation :

  • Le parent qui reste peut nommer un tuteur pour l’avenir, par testament ou devant notaire.
  • Le conseil de famille examine cette désignation et la valide, sauf motif grave.
  • En l’absence de décision parentale, la famille élargie, ou à défaut, les services départementaux, prennent le relais.

Prendre cette mesure, c’est éviter l’inconnu pour l’enfant, lui assurer une certaine stabilité affective et éducative. Ce geste formel, loin d’être anecdotique, éclaire toute la prise en charge et donne à la famille un rôle actif dans la transmission de la protection et des valeurs.

Quels sont les mécanismes légaux en cas de décès des deux parents ?

Quand les deux détenteurs de l’autorité parentale disparaissent, le Code civil prévoit l’ouverture d’une tutelle pour préserver les intérêts de l’enfant mineur. Le juge des tutelles intervient d’abord, ordonnant la réunion d’un conseil de famille. Ce conseil rassemble des proches choisis pour leur lien avec l’enfant et leur impartialité. C’est à eux qu’il revient de désigner un tuteur, responsable à la fois de la gestion des biens et de la personne de l’enfant.

Le tuteur n’a pas les mains libres : un subrogé tuteur surveille ses choix, pour garantir l’équilibre et défendre les intérêts de l’enfant, en particulier lors de décisions sensibles sur le patrimoine. Le ministère public veille aussi, prêt à intervenir si un problème surgit ou si un désaccord éclate.

En l’absence de proches disponibles

Dans certains cas, aucun proche n’est prêt ou en capacité de prendre la relève. Voici les alternatives prévues :

  • Le service du département peut assurer la garde de l’enfant, de manière temporaire ou pérenne.
  • Le juge aux affaires familiales peut répondre aux demandes de maintien du lien formulées par un grand-parent ou un beau-parent (voir article 371-4 du Code civil).
  • La délégation-partage de l’autorité parentale peut être attribuée à un tiers, si l’intérêt de l’enfant le justifie.

Tout ce processus obéit à trois priorités : préserver le lien affectif, garantir la continuité éducative et gérer le patrimoine dans le respect des règles. Les notions de succession, d’administration légale et de protection imprègnent chaque décision, sous la surveillance du juge et des institutions concernées.

Comment désigner une personne de confiance : démarches, conseils et points de vigilance

Désigner une personne de confiance pour s’occuper d’un enfant mineur en cas de décès des deux parents est une démarche très personnelle, mais elle s’inscrit dans un cadre légal bien défini. Le parent qui subsiste dispose de deux leviers principaux : le testament et la déclaration spéciale devant notaire. Ces actes servent à nommer un tuteur pour l’enfant, en précisant qui il est et son lien avec la famille. Passer par un notaire assure la traçabilité et la solidité juridique du choix.

Le conseil de famille devra tout de même valider la désignation. Ce groupe de proches ou de tiers analyse le choix, et peut s’y opposer si l’intérêt de l’enfant semble menacé. Plusieurs critères entrent en jeu : stabilité de la personne désignée, sa disponibilité, absence de conflit d’intérêts.

Mieux vaut parler en amont avec la personne que l’on souhaite désigner. S’assurer qu’elle accepte la responsabilité, qu’elle s’y prépare, tant sur le plan affectif que matériel. Faire enregistrer la décision auprès d’un avocat spécialisé en droit de la famille ou d’un notaire prévient d’éventuelles contestations à venir.

Cette désignation reste modifiable à tout moment, selon l’évolution des liens familiaux ou des situations. Le système se veut flexible, afin de garantir à l’enfant la meilleure protection possible, tout en permettant l’intervention du juge des tutelles si nécessaire, dans le respect du cadre légal.

Assistante sociale parlant avec des enfants en réunion

Prendre la place de tuteur légal, c’est se retrouver garant aussi bien de la personne que du patrimoine de l’enfant mineur. La dimension humaine s’impose d’abord : assurer la sécurité de l’enfant, veiller à son éducation, accompagner sa scolarité, ses soins, ses choix de vie. L’autorité que confère la tutelle s’exerce toujours dans l’intérêt de l’enfant, sous le regard du conseil de famille et du juge des tutelles.

Le tuteur doit également gérer le patrimoine de l’enfant : comptes bancaires, biens immobiliers, succession éventuelle. Rigueur et transparence sont de mise. Un subrogé tuteur, désigné par le conseil, contrôle les actes de gestion, en particulier lors de décisions qui engagent le capital ou les biens. Ce dispositif limite les risques de conflit d’intérêts et permet de régler les différends en toute transparence.

Accompagnement et droits du tuteur

Le tuteur bénéficie de plusieurs formes d’accompagnement dans l’exercice de ses fonctions :

  • Le juge des tutelles encadre ses actes : toute décision lourde (vente d’un bien, donation) nécessite une autorisation préalable.
  • Une indemnité peut être accordée au tuteur non familial, le montant étant fixé par le conseil de famille.
  • Des aides existent : soutien psychologique pour l’enfant, accompagnement administratif par les services départementaux.

Le tuteur doit aussi assurer l’obligation alimentaire : régler les dépenses courantes, organiser les obsèques, activer éventuellement une assurance obsèques. Si les ressources ou héritiers manquent, la mairie peut prendre le relais, puis se retourner vers la succession, conformément à la loi.

Prévoir l’impensable, c’est donner à l’enfant la force de traverser la tempête sans perdre pied. Derrière chaque démarche, une certitude : l’avenir de l’enfant ne doit jamais dépendre du hasard ni du silence.

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