35 % de temps supplémentaire : c’est la hausse du temps passé en ligne par les enfants de 6 à 12 ans en Europe, révélée par les enquêtes menées de 2019 à 2023. À l’école, le numérique divise : certains établissements installent les tablettes dès la maternelle, d’autres interdisent tout appareil connecté dans leurs locaux.
Derrière ces stratégies opposées, les effets sur la concentration, le sommeil, le langage ou les aptitudes sociales sont scrutés à la loupe par les professionnels de santé. Les repères changent vite, les consignes officielles tentent de suivre un rythme effréné d’innovations technologiques.
Plan de l'article
- Internet et enfance : un duo incontournable dans le quotidien d’aujourd’hui
- Quels effets concrets sur le développement cognitif, émotionnel et social ?
- Entre opportunités d’apprentissage et risques pour la santé : ce que disent les études
- Accompagner les enfants vers un usage équilibré et responsable des écrans
Internet et enfance : un duo incontournable dans le quotidien d’aujourd’hui
Difficile aujourd’hui d’imaginer l’enfance sans la présence quotidienne des écrans. L’exposition numérique s’est installée partout : télévision, ordinateur, tablette, smartphone, consoles, chaque support s’invite dans la routine des plus jeunes. Selon les observations récentes, un enfant jongle souvent avec plusieurs outils dans la même journée, multipliant les interactions avec Internet. La famille elle-même est traversée par cette mutation numérique, son organisation et ses habitudes basculent sous l’effet de cette connexion permanente.
Pour comprendre cette évolution, voici les principaux écrans qui marquent le parcours numérique des enfants :
- La télévision s’impose comme le premier écran du foyer, souvent avant même l’entrée en maternelle.
- L’ordinateur et la tablette s’invitent dans les devoirs et les jeux éducatifs, mêlant apprentissage et loisirs.
- Le smartphone, symbole de socialisation, fait son entrée dès la fin du primaire et accélère l’autonomie numérique.
- La console de jeux crée de nouveaux rituels, entre moments partagés et instants solitaires.
La généralisation des écrans portables complexifie la question du contrôle parental. Les parents tâtonnent pour limiter la durée de connexion ou surveiller les contenus, tandis que les enfants trouvent des moyens de contourner ces règles, apprenant à s’adapter à ce nouvel environnement. Chez les adolescents, les réseaux sociaux occupent une place centrale : ils façonnent l’identité, renforcent l’appartenance au groupe, mais exposent aussi à des risques encore difficiles à anticiper. La famille s’ajuste, souvent dans l’urgence, à un monde où être connecté est désormais la norme.
Le recours massif aux écrans influe directement sur le développement cognitif des enfants. Dès le plus jeune âge, la plasticité du cerveau se montre particulièrement réceptive aux sollicitations numériques. Les outils interactifs aident à développer certaines facultés, comme la coordination œil-main ou la rapidité de traitement des informations. Pourtant, lorsqu’Internet prend le pas sur les échanges humains, des fragilités apparaissent : apprentissage du langage perturbé, baisse de la capacité de concentration, difficultés d’attention.
Les professionnels de santé constatent également une progression des troubles émotionnels chez les jeunes usagers réguliers. Un accès précoce aux réseaux sociaux rend les adolescents vulnérables à la cyberintimidation : si l’ampleur exacte reste difficile à mesurer, ses conséquences sur l’estime de soi et la santé mentale ne sont plus à prouver. La pratique intensive d’Internet peut, dans certains cas, conduire à des conduites addictives, notamment chez des enfants déjà fragiles sur le plan émotionnel.
L’apprentissage social, lui, continue de s’appuyer sur la relation directe. Les écrans ne sauraient remplacer l’expérience des interactions réelles, essentielles pour intégrer les codes sociaux, développer l’empathie ou apprendre à gérer les conflits. Les recherches mettent en avant le rôle déterminant de la famille et du groupe d’amis dans ce processus. Les pratiques numériques, loin d’être homogènes, varient selon l’environnement familial, la nature des contenus consultés et l’implication des parents. Toute généralisation serait donc réductrice.
Entre opportunités d’apprentissage et risques pour la santé : ce que disent les études
Les recherches récentes dressent un constat nuancé sur les effets du numérique chez les enfants. D’un côté, l’arrivée massive d’outils connectés à l’école, tablettes, ordinateurs, applications éducatives, ouvre la porte à un apprentissage personnalisé. L’intelligence artificielle, déjà testée dans plusieurs établissements, permet d’ajuster le rythme et la difficulté des exercices à chaque élève. Les serious games, ces jeux vidéo conçus pour l’éducation, montrent parfois des effets positifs sur la lecture ou les mathématiques, même si ces résultats dépendent beaucoup du contexte et de la qualité de l’encadrement.
Plusieurs points ressortent de ces études :
- Développer de solides compétences numériques devient indispensable pour former les citoyens de demain. Les enseignants insistent sur l’importance d’inculquer la littératie numérique : savoir comprendre, analyser et produire du contenu en ligne.
- Des disparités persistent. Le fossé numérique s’élargit, touchant surtout les familles les moins favorisées et, dans certains domaines, les filles, encore peu nombreuses à s’orienter vers la programmation.
Le numérique ne produit pas de miracle sans accompagnement. L’exposition passive ou sans cadre ne suffit pas à générer les compétences espérées. Patricia Kuhl, experte en acquisition du langage, souligne le rôle irremplaçable de la médiation humaine, parent, éducateur, enseignant. Quant au syndrome de Dunning-Kruger, il met en garde contre la tendance des jeunes à surestimer leur maîtrise des outils numériques.
En parallèle, les inquiétudes concernant la santé se multiplient : troubles du sommeil, sédentarité, conduites addictives, fragilité psychique. Pour que le numérique serve vraiment d’accélérateur d’apprentissage, un accompagnement familial et pédagogique s’avère nécessaire. Sans cela, le risque de basculer vers des usages problématiques demeure bien réel.
Accompagner les enfants vers un usage équilibré et responsable des écrans
Avec l’omniprésence des supports numériques dans la vie de famille, ordinateur, tablette, smartphone, console,, la question de l’encadrement s’impose avec une actualité brûlante. Les parents doivent fixer des repères, alors même que les frontières entre loisirs, apprentissages et vie sociale deviennent floues. La commission d’experts sollicitée par Emmanuel Macron l’a clairement rappelé : le rôle des parents reste déterminant pour limiter les effets délétères des écrans sur les enfants.
Voici quelques leviers concrets à mettre en place pour accompagner les enfants :
- Instaurer des temps sans écran, en particulier le soir et pendant les repas, pour préserver les échanges et le repos.
- Élaborer ensemble des règles d’utilisation, adaptées à l’âge et aux besoins de chacun.
- Privilégier le dialogue autour des contenus visionnés, plutôt que de recourir à une surveillance systématique.
La sécurité numérique s’impose comme une compétence à acquérir dès l’enfance. Sensibiliser les plus jeunes aux dangers du cyberharcèlement, des prédateurs en ligne ou de la désinformation devient une responsabilité partagée entre la famille et l’école. Les programmes de cybersécurité progressent, mais peinent encore à atteindre ceux qui en auraient le plus besoin.
Accompagner, ce n’est pas seulement prévenir les dérives. Il s’agit aussi de valoriser les usages créatifs et collectifs : montage vidéo, apprentissage du codage, participation à des forums éducatifs. Vivre avec les écrans n’a rien d’une fatalité, à condition de rester attentif aux premiers signes de repli, de dépendance ou de troubles du sommeil. L’équilibre se construit chaque jour, entre vigilance, dialogue et ouverture. La génération connectée, loin d’être condamnée aux dérives, peut aussi inventer de nouveaux chemins. Peut-être les adultes ont-ils autant à apprendre de cette cohabitation numérique que les enfants eux-mêmes.


